Les épisodes
Une web-série pour découvrir, au fil des saisons, ces formes de vie invisibles et surprenantes avec qui nous partageons nos territoires. Ces images sont l’occasion de repeupler nos imaginaires en révélant cette faune insoupçonnée qui nous entoure, mais que généralement nous ne voyons pas, cette faune présente dans le temps et les espaces que nous lui laissons.
Un territoire, entre chien et loutre
Introduction de la web-série par un rapide survol des sites et des personnages.
Par ordre d’apparition : faucon crécerelle, traileur, grimpeur, fouine, hibou grand-duc, automobiliste, belette, genette, blaireau, chevreuil, renard, sanglier, promeneur, chien, loutre.
Janvier, un festin de loutre
Janvier, la rivière semble engourdie et rare sont les visiteurs. Mais tout est-il aussi calme la nuit ? C'est l’époque où les crapauds communs rejoignent la rivière pour s'accoupler et pondre leurs œufs. Les loutres savent tirer profit de ce regroupement de proies faciles. Mais ce n'est pas sans risque : ces crapauds ont des glandes sous la peau qui excrètent une toxine irritante. Les loutres ont appris à les manger en retournant leur peau comme une chaussette ! Mais d'autres prédateurs inattendus s’invitent au festin...
Par ordre d’apparition : crapaud commun, chien, loutre, chauve-souris (sp), promeneur, buse.
Février, comme on fait son lit on se couche
Février, les longues nuits d’hiver s’étirent sous un lourd silence. Ou presque … des bruits trahissent l’activité intense d’un habitant nocturne. Le blaireau renouvelle la litière de sa couche. Vivant en clan familial, il tapisse les différentes chambres de son terrier d’un lit de feuilles mortes qu’il change régulièrement. Son terrier comporte une dizaine d’entrées distinctes qui conduisent à un véritable réseau souterrain. Les chambres sont reliées entre elles par ce réseau de tunnels qui peuvent s’enfoncer jusqu’à 5 mètres de profondeur, sur une longueur de plusieurs dizaines de mètres.
Par ordre d’apparition : promeneur, blaireau, sanglier, automobiliste, VTTiste.
Mars, un sentier partagé
Les sentiers de randonnée suivis par les humains sont, la nuit venue, aussi largement fréquentés par différentes espèces animales. Elles tirent profit de ces sentiers ouverts pour se déplacer plus facilement en forêt lors de leur recherche de nourriture. Mais le tracé de ces sentiers constitue aussi pour elles un repère pour s’orienter. Certains grands arbres ou troncs couchés, qui sont pour nous de simples détails du paysage, sont pour ces espèces de véritables balises qu’elles utilisent pour se représenter la « carte » de leur territoire.
Par ordre d’apparition : écureuil, traileur, mulot, fouine, genette, blaireau, renard, loutre.
Avril, premières sorties
Avril, c’est l’époque du renouveau. Le chant des oiseaux migrateurs (rossignol, coucou, hibou petit duc) marque leur retour sur le territoire. Les mammifères habituellement nocturnes deviennent aussi actifs de jour. Après plusieurs mois passés dans le terrier, les jeunes blaireaux sortent pour la première fois en petit groupe serré. Les blaireaux vivent en clan dont les membres partagent un même terrier. Chaque femelle ne se reproduit généralement qu’un an sur deux, avec en moyenne 2 à 3 petits par portée. Chez cette espèce grégaire, les jeunes de parents différents grandissent et jouent ensemble. Ils se forgent ainsi les bases de comportements sociaux pour vivre en groupe.
Par ordre d’apparition : merle, blaireau, chevreuil, fouine, promeneur.
Mai, de battre mes ailes ont commencé
Les crêtes rocheuses sont des sites privilégiés de course et de randonnée. C’est aussi un lieu de vie de nombreuses espèces animales. Fin mai, les jeunes hiboux grands-ducs s’aventurent en dehors du nid où ils ont passé les deux derniers mois. Ces escapades leur permettent de développer leurs muscles avant l’envol. Leurs parents vont continuer à les nourrir pendant plusieurs semaines dans la falaise où ils vagabondent. Avec leur taille imposante (jusqu’à 70 cm de haut et 1m70 d’envergure) ces superprédateurs se nourrissent d’une grande variété de proie, depuis les rongeurs jusqu’aux petits carnivores (jeunes renards, genettes…) et même des rapaces (buses, faucons, chouettes…). Chez certains couples, les hérissons sont une proie de prédilection. Leurs piquants sont une bien maigre protection face à ce rapace puissant. Les grands-ducs ne semblent pas craindre la perforation de leur tube digestif car des pelotes (restes de proies non digérés et régurgités par les hiboux) garnies de piquants sont parfois retrouvées.
Par ordre d’apparition : traileur, genette, perdrix rouge, hibou grand-duc, automobiliste, rollier, fouine.
Juin, que jeunesse se passe
Juin, nombreux sont les habitants du territoire qui se succèdent en bord des cours d’eau : boire, se baigner, pêcher… l’eau devient une ressource recherchée avec l’arrivée des premières chaleurs. Les jeunes, encore dépendant de leurs parents, découvrent leur territoire…
Par ordre d’apparition : cavalier, huppe, blaireau, loutre, chevreuil, héron bihoreau, geai, sanglier, mulot sylvestre, renard, héron cendré, pêcheur, canard colvert, chien.
Juillet, quand on se promène au bord de l'eau
Juillet, les rivières attirent les adeptes de baignade, descente en canoë, et autres piquenique en bord de l’eau. Ces rives ombragées sont aussi des lieux où se concentre la vie animale. C’est donc un lieu de chasse privilégié pour les prédateurs. Les genettes parcourent environ 3 km chaque nuit à la recherche de nourriture. Elles ne sortent qu’une fois la nuit tombée, et rentrent dans leur gite bien avant le lever du jour. À la différence des renards et des fouines qui consomment une quantité importante de fruits et d’insectes, les genettes se nourrissent en large majorité de petits mammifères. Les mulots, en particulier, sont leurs proies de prédilection sur ce territoire.
Par ordre d’apparition : renard, baigneur, loutre, genette, chauve-souris, mulot, fouine, sanglier, blaireau, chevreuil, canoéiste.
Août, songe d'une nuit d'été
Août, les chaleurs d’été ont progressivement asséché les cours d’eau. Les loutres ne désertent pas pour autant le territoire. Elles parcourent en trottinant le lit des rivières à sec, à la recherche des quelques trous d’eau où se concentrent les écrevisses et les poissons. Au cours de la nuit, elles s’arrêtent pour faire leur toilette et frotter leur fourrure sur des places particulières de « ressui ». Il est fréquent qu’elles s’adonnent aussi à un moment de sommeil de plusieurs dizaines de minutes, avant de se remettre en chasse. Le mois d’août est aussi l’époque du rut du chevreuil. Les mâles parcourent inlassablement leur territoire à la recherche des femelles, en poussant des cris rauques.
Par ordre d’apparition : pêcheur électrique, renard, loutre, héron cendré, buse, chien, promeneur, fouine, genette, chevreuil.
Septembre, faire le mur...
Les murs en pierres sèches constituent un élément familier du paysage de la garrigue. Ils sont les témoins d’un ancien et laborieux travail d’épierrement des sols pour retirer des champs et des zones de pâturages les pierres recouvrant ces sols pauvres en humus.
Ces murets sont un terrain de chasse privilégié pour la belette. Ce minuscule prédateur (20 cm de long environ pour une 100e de grammes seulement) est le plus petit de carnivore au monde. Sa morphologie lui permet d’explorer entre les pierres où se cachent ses proies. Ces murets lui offrent aussi une protection pour parcourir son territoire à l’abri des regards. Sa petite taille l’expose en effet à presque tous les carnivores et rapaces présents. La belette consomme en grande majorité des petits rongeurs. Cependant, douée d’une force impressionnante, elle est capable de capturer et trainer des proies 2 à 3 fois plus lourdes qu’elle.
Par ordre d'apparition : chevreuil, lièvre, chien, randonneur, belette, genette, renard, fouine.
Octobre, un "ours" bien léché
Les blaireaux consacrent chaque jour un long moment à leur toilette, généralement dès leur sortie du terrier. Outre la fonction hygiénique pour entretenir le pelage et éliminer les parasites éventuels, cette toilette quotidienne a aussi une fonction sociale : l’épouillage mutuel entre congénères permet aux blaireaux de renforcer leurs liens sociaux. Ces séances de toilettage mutuel sont aussi l’occasion de renforcer la cohésion sociale du groupe par un échange de leurs odeurs : en se frottant entre eux ils marquent leurs congénères des sécrétions émanant de la poche glandulaire située sous leur queue. Ce marquage réciproque leur permet de générer une odeur de groupe partagée qui permet de faciliter l’identification des membres de leur clan à distance lors de leurs déplacements nocturnes.
Par ordre d’apparition : brebis, chien de berger, berger, blaireau, loutre, rat noir, fouine, perdrix rouge, geai, faisan, chien de chasse.
Novembre, du rififi dans la falaise
Si au printemps de nombreuses espèces d’oiseaux font entendre leurs chants, elles sont en majorité silencieuses pendant l’automne. Toutefois, chez les grands ducs, le chant du male résonne dès l’automne pour affirmer l’occupation de son territoire et préparer la reproduction qui débutera au cœur de l’hiver. Les choucas, qui vivent en large bande, émettent de nombreux cris de contact lors de leurs déplacements. Ils sont aussi très bruyants lors de leurs altercations avec les rapaces. Comme leurs cousins les corbeaux, ils harcèlent régulièrement les rapaces pour éloigner ces prédateurs potentiels ou pour leur dérober leur proie.
Par ordre d’apparition : automobiliste, choucas, grimpeur, moineau soulcie, monticole bleu, faucon crécerelle, hibou grand-duc.
Décembre, galante rencontre au bord de l'eau
La majorité des animaux de nos régions se reproduisent chaque année à la même saison. Mais chez les loutres, les accouplements peuvent avoir lieu à n’importe quel moment de l’année. Le mâle et la femelle, qui vivent ordinairement séparés, se retrouvent à cette occasion pour une courte période nuptiale. Ce rapprochement, d’abord prudent, entre partenaires, va progressivement donner lieu à des courses-poursuites et des joutes frénétiques, simulacres de combat et d’accouplement. Après seulement quelques jours, la femelle repousse le mâle qui retourne à sa vie solitaire. Après deux mois de gestation, la femelle élèvera seule ces jeunes.
Par ordre d’apparition : ablette, héron cendré, chevesne, gardon, chat domestique, renard, loutre, vache, genette, promeneur.
Variation alpine : un lynx en hiver
Une année sur un sentier de montagne, dans le nord des Alpes. Un autre territoire, d’autres usagers, le partage là aussi d’un même espace.
Par ordre d’apparition : chamois, chevreuil, randonneur, chien, cerf, trailer, chasseur, blaireau, martre, renard, lynx, sanglier, écureuil.
Variation africaine : sous les épaules d'un éléphant
Finir sous les épaules d'un éléphant !... Au Kenya, en bordure des aires protégées, les populations rurales et leur bétail cohabitent avec une diversité de grande faune sauvage. Comme ailleurs, certains animaux curieux viennent voir de près les caméras automatiques, attirés par les traces d’odeur humaine. Mais la taille et la puissance de certains animaux africains font que les interactions avec les caméras sont parfois plus brutales, voire définitives...
Par ordre d’apparition : berger, dik-dik de Günther, zèbre de Grévy, chèvre, éléphant, hyène tachetée (nord Kenya, comté de Marsabit).
Réalisation : Nicolas Gaidet
Musique : Samuel Vène
Dessins : Tanguy Daufresne